Le dilemme des lucioles

Nous quittons Ubud pour le volcan Batur et son lac gigantesque.  Nous faisons une randonnée de trois heures à travers une forêt tropicale sur le mont Abang.  La montée est raide et peu aisée car nous devons marcher sur un petit chemin étroit entre fougères et plantes épineuses.  La vue de là-haut est belle. Le soir nous dormons à Sidemen dans une maison d'hôtes cernée de rizières. Dans le village, les enfants nous accueillent avec des rires et des "Where are you from?".  A la nuit tombée, le ciel est certi de minuscules lumières: ce sont les lucioles.  Pak Tanto, notre hôte, et son fils en attrapent deux pour Elisa et Thomas qui sont aux anges.  C'est un vrai enchantement pour eux.  C'est là que commence le dilemme des lucioles.  Thomas, l'enfant sensible de la famille, aime sa luciole et la regarde clignoter avec tendresse. Quand elle s'éteint, Thomas a peur qu'elle meure et l'idée même de la mort de sa luciole le fait pleurer.  Il ne veut pas la laisser s'envoler car il ne veut pas être séparé d'elle, cela le rendrait triste,  mais en même temps il ne veut pas qu'elle meure dans son petit sac en plastique où elle respire par un petit trou.  Je lui dis que de toute façon un jour ou l'autre elle finira par mourir et il se met à pleurer de plus belle.  Elisa, l' enfant réaliste de la famille, lui dit que tout le monde va mourir, que lui aussi mourra un jour et que maman aussi mourra un jour, ce qui ne manque pas d'exacerber la tristesse de Thomas.  Il  tombe sanglotant sur le lit.  Au bout de quelques minutes, il décide de la relâcher et lui dit adieu comme à un être cher.  L'épisode de la luciole est enfin terminé et nous pouvons aller nous coucher.